Traversant majestueusement le Danube, le Pont des Chaînes de Budapest, également connu sous le nom de ‘Széchenyi Lánchíd’ en hongrois, représente bien plus qu’une simple structure d’acier et de pierre.
Une histoire ancestrale et une construction épique
Au début du XIXème siècle, Budapest était en plein essor économique et culturel, mais sa croissance était entravée par le Danube, qui divisait la ville en deux parties distinctes: Buda et Pest.
Les habitants de la ville rêvaient d’un lien qui unirait ces deux rives, permettant ainsi un accès plus facile et favorisant le développement économique et social de la région. L’idée d’un pont reliant Buda à Pest germa dans les esprits visionnaires de l’époque. Cependant, ce n’était pas une entreprise facile. Le Danube, avec ses eaux impétueuses et son lit changeant, représentait un défi colossal pour les ingénieurs et les architectes de l’époque.
En 1836, le Comte István Széchenyi, un visionnaire hongrois et fervent défenseur du progrès, lança une initiative pour la construction d’un pont permanent sur le Danube et cette proposition audacieuse fut accueillie avec enthousiasme par la population
Les travaux débutèrent en 1839 sous la direction de l’ingénieur anglais William Tierney Clark, spécialiste dans la conception et la construction de ponts. Il conçut alors une structure révolutionnaire pour l’époque: un pont suspendu soutenu par des chaînes en fer. La construction du pont fut un exploit d’ingénierie sans précédent. Des milliers d’ouvriers travaillèrent jour et nuit, bravant les éléments et surmontant d’innombrables défis techniques pour réaliser cette prouesse architecturale.
Après des années d’efforts acharnés, le Pont des Chaînes fut enfin inauguré le 20 novembre 1849, dans une cérémonie grandiose qui marqua un tournant décisif dans l’histoire de Budapest. L’édifice devint rapidement le symbole de la modernité et du progrès pour toute la Hongrie.
Le Pont des Chaînes de Budapest a hélas connu plusieurs destructions et reconstructions au cours de son histoire mouvementée.
La première grande destruction est survenue pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’en 1945, les troupes allemandes en retraite ont saboté le pont pour ralentir l’avancée des forces alliées. Les arches du pont furent détruites, laissant le pont dans un état de ruine.
Après la guerre, Budapest, comme de nombreuses villes européennes, entreprit un vaste programme de reconstruction. Le Pont des Chaînes a été reconstruit dans les années qui ont suivi, reprenant son rôle crucial dans la liaison entre Buda et Pest dès 1949.
Cependant, le pont a de nouveau été endommagé lors de l’insurrection hongroise de 1956. Cette fois-ci, les troupes soviétiques ont bombardé le pont, le réduisant à nouveau en ruines. La reconstruction après l’insurrection a été une entreprise complexe et laborieuse, mais le Pont des Chaînes a finalement été restauré et rouvert au public en 1958.
Une architecture élégante et majestuesue
L’architecture du Pont des Chaînes de Budapest est un exemple emblématique du style néo-classique qui dominait l’architecture du début du XIXème siècle.
Le Pont des Chaînes est un pont suspendu, avec une structure principale soutenue par des chaînes en fer. Il mesure environ 375 mètres de long et possède une largeur d’environ 15 mètres suffisante pour accueillir des voies de circulation piétonnières et véhiculaires (seuls les bus et taxis y sont autorisés depuis 2023).
En plus de son esthétique élégante, l’architecture du Pont des Chaînes est également remarquable pour son ingéniosité technique. À l’époque de sa construction, le pont était l’un des premiers exemples de pont suspendu en Europe centrale et orientale, marquant ainsi une avancée significative dans l’ingénierie des ponts.
L’élément le plus remarquable de l’architecture du pont est sa double chaîne suspendue, qui traverse les deux arches en pierre de chaque côté du Danube. Ces chaînes, faites de maillons de fer forgé, non seulement soutiennent la structure, mais ajoutent également une touche esthétique unique à l’ensemble de l’édifice.
Bien que principalement fonctionnel, le Pont des Chaînes comporte également des éléments décoratifs qui lui confèrent une certaine élégance. Les arches en pierre qui encadrent les extrémités du pont sont ornées de motifs néo-classiques, tels que des guirlandes de feuilles de laurier et des sculptures représentant des figures mythologiques. Les lampadaires en fonte qui jalonnent le pont ajoutent également à son charme architectural.
Les lions du Pont des Chaînes de Budapest ne sont eux pas seulement des éléments décoratifs, mais des gardiens majestueux qui veillent sur les voyageurs traversant le Danube. Positionnés à chaque extrémité du pont, ces sculptures imposantes ajoutent une dimension mythique à l’architecture déjà grandiose de l’édifice.
Les lions, avec leurs gueules ouvertes et leurs pattes puissantes, semblent prêts à défendre le pont contre tout danger. Leur présence inspire un sentiment de sécurité et de protection, renforçant le lien entre les deux rives du Danube et symbolisant l’unité et la solidarité du peuple hongrois. Les sculptures des lions sont réalisées avec un souci du détail remarquable, chaque muscle et chaque poil étant soigneusement sculptés pour créer une impression de réalisme et de vie. Les expressions des lions sont également évocatrices, exprimant à la fois la force et la sérénité, reflétant ainsi les qualités que ces créatures symbolisent.
La langue du lion du Pont des Chaînes
Parmi les nombreux récits qui entourent le Pont des Chaînes de Budapest, l’histoire de la langue du lion est particulièrement amusante. Perché sur l’une des extrémités du pont, ce lion majestueux semble murmurer un secret bien gardé à travers sa langue légèrement pendante.
La légende raconte que lorsque le sculpteur János Marschalkó fut chargé de créer les quatre lions, gardiens du pont, il décida d’ajouter une touche d’originalité à l’une des statues. Inspiré par l’idée de donner vie à son œuvre, il sculpta la langue du lion de manière à ce qu’elle dépasse légèrement de sa gueule, comme s’il s’apprêtait à prononcer un message mystérieux.
Certains affirment que cette langue pendante est un clin d’œil subtil à l’esprit taquin de Marschalkó, tandis que d’autres y voient un symbole de la sagesse silencieuse du lion, prêt à révéler les secrets de la ville aux voyageurs attentifs. Au fil des ans, cette particularité est devenue une curiosité bien connue parmi les visiteurs du Pont des Chaînes. Les touristes se pressent pour capturer des clichés de ce lion singulier, se demandant ce qu’il pourrait bien avoir à dire s’il pouvait parler.
Une visite incontournable à Budapest
Pour les visiteurs de Budapest, une promenade le long du Pont des Chaînes est une expérience incontournable. Que ce soit pour admirer son architecture spectaculaire, pour prendre des photos panoramiques du Danube et des monuments emblématiques de la capitale tels que le château et l’église Matthias côté Buda, ou simplement pour ressentir l’atmosphère vibrante qui règne sur le pont, cette marche le long du pont est à ne pas manquer!
Découvrez enfin en vidéo le superbe Pont des Chaînes de Budapest:
Adresse: Pont des Chaînes, Széchenyi Lánchíd, 1051 Budapest – plan –
Rejoindre le Pont des Chaînes
Le Pont des Chaînes est situé en plein centre de Budapest et il est facile de s’y rendre avec les transports publics de Budapest:
Côté Pest:
La station de métro la plus proche est la station Vörösmarty tér (ligne numéro 1, jaune) et en bus lignes 16 et 16A.
Avec la superbe ligne 2 du tramway numéro 2 qui longe le Danube, descendre à l’arrêt: ‘Széchenyi István tér’.
Côté Buda: les lignes de bus 16 et 16A qui traversent le pont.